Si la drill explose autant, c’est qu’elle a su parler à une génération dévorée par l’instantanéité des réseaux sociaux mais aussi avide d’authenticité brute. Elle a replacé la figure du producteur au cœur du hit, comme dans les golden years du rap US.
Mais c’est surtout sa capacité à évoluer, à hybrider et à s’exporter (jusqu’au Japon ou au Brésil, avec des scènes locales hyper dynamiques) qui fait de la drill bien plus qu’un simple effet de mode. Selon Spotify Data 2023, le rap drill représentait plus de 6% des playlists rap mondiales actives, contre 2% en 2019 : une progression spectaculaire pour un sous-genre jadis cantonné à quelques quartiers.
Et alors que certains y voient déjà l’essoufflement du genre, chaque année ou presque voit débarquer une nouvelle vague d’artistes et de beats refresh, et de passerelles vers la pop ou la chanson urbaine. La drill a surtout prouvé qu’elle n’est plus seulement une case du rap : c’est un ADN, une façon de raconter, de produire et même de consommer la musique aujourd’hui.
Une page s’est tournée : la drill n’est plus un phénomène underground à surveiller, mais une force créative ancrée, capable d’influencer jusqu’aux tubes radios les plus formatés de la décennie. Que le banger vienne de Londres, de Brooklyn ou d’Aubervilliers, une chose est sûre : impossible désormais de parler rap sans parler drill.