L’influence explosive de l’électro et de la house sur la musique aujourd’hui

Qu’on scrolle sur TikTok ou qu’on allume la radio, impossible de zapper la patte électro et house dans la musique d’aujourd’hui. Depuis quelques années, ces styles n’ont jamais été aussi puissants dans le paysage musical mondial. Leur impact ne s’arrête pas aux clubs : il pulse dans la pop, le rap, la variété et même jusqu’aux bandes-son de films et de jeux vidéo.

Au-delà du simple “boom boom” en fond sonore, l’électro et la house sont devenues des usines à tubes et des laboratoires à tendances. Leur influence va bien au-delà des frontières des dancefloors.

Difficile d'imaginer que la house et l’électro venaient des clubs undergrounds de Chicago et Detroit dans les années 80. Aujourd’hui, impossible d’ignorer leur dictat sur les charts. Selon l’International Federation of the Phonographic Industry (IFPI), le streaming mondial de musiques électroniques a augmenté de plus de 32% entre 2019 et 2023. Un chiffre qui en dit long sur la percée du genre.

Quelques repères qui montrent la domination actuelle :

• En 2023, huit des vingt titres les plus écoutés sur Spotify intégraient des éléments électro ou house (Spotify Charts).
• Le titre “I’m Good (Blue)” de David Guetta & Bebe Rexha a dépassé le milliard d’écoutes sur Spotify en moins d’un an (Billboard).
• D’après l’IMS Business Report 2023, le marché de la musique électronique pèse désormais plus de 11,3 milliards de dollars à l’échelle mondiale (IMS).

L’électro et la house, autrefois considérées comme des sous-genres à côté de la pop et du rock, sont aujourd’hui en tête de gondole... et la collaboration avec les artistes mainstream n’a jamais été aussi puissante.

Ce n’est pas qu’une histoire de beats entraînants. L’électro et la house, c’est aussi une façon de produire, d’arranger, d’écrire la musique. Pour les prods pop d’aujourd’hui, impossible de faire l’impasse sur :

• Des “drops” et montées en énergie inspirés de la house et de l’EDM
• L’utilisation massive de synthétiseurs et boîtes à rythmes sur les refrains
• Des vocaux travaillés façon vocoder ou autotune, hérités de la French Touch et du son club

Résultat : Dua Lipa (“Physical”, “Hallucinate”), Calvin Harris, The Weeknd (phase “Blinding Lights”) ou encore P!nk et Black Eyed Peas, tous surfent sur ces codes, même quand ils font de la “pop” ou du R’n’B. L’électro façonne la trame sonore des hits, en injectant cette énergie qui fait lever un stade ou buzzer une vidéo TikTok.

L'un des secrets de cette domination ? Les plateformes de streaming. Sur Spotify, Apple Music ou Deezer, les playlists “Dance Hits”, “Electro Now”, “Mint” ou “Happy Hits!” intègrent une majorité de sons électro ou house.

• Pendant le premier semestre 2024, la playlist “mint” de Spotify, consacrée à l’électro, a généré en moyenne plus de 2,7 millions de nouveaux auditeurs chaque semaine (Spotify Charts).
• Sur TikTok, près de 60% des vidéos virales utilisent comme bande-son un morceau électronique ou house selon une étude Music Ally de février 2024 (Music Ally).
• Le format court et les drops efficaces rendent ces genres parfaits pour le montage vidéo, ce qui explique leur explosion sur les réseaux sociaux.

Cette omniprésence crée un cercle vertueux : plus ces sons tournent, plus ils influencent les productions futures… et plus ils inspirent d’artistes d’autres genres à s’en emparer.

Oubliez l’époque où il fallait choisir son camp. Aujourd’hui, la frontière entre la pop, le rap, la variété et la house est de plus en plus floue. Les exemples ne manquent pas :

• Drake surprend en 2022 avec “Honestly, Nevermind”, un album plein de house (“Massive”, “Sticky”) qui divise les fans mais cartonne sur TikTok et Spotify (NY Times).
• Aya Nakamura glisse depuis ses premiers tubes des éléments house dans des prods pourtant cataloguées “urbaines”.
• Dua Lipa, Calvin Harris, The Weeknd ou même Miley Cyrus passent du rock à l’électro sans états d’âme.

Côté français, les Victoires de la Musique 2024 ont vu couronner Zaho de Sagazan, dont l’univers navigue entre chanson française introspective, électro vintage et house minimale (France Inter).

Ce mélange des genres ne fait que renforcer le pouvoir de l’électro comme ADN de la pop culture musicale actuelle.

Le live reste un terrain de jeu privilégié pour ces genres. Les festivals dédiés à l’électro et à la house ne cessent d’attirer toujours plus de monde :

• L’Ultra Music Festival de Miami a rassemblé plus de 165 000 fans en 2023, soit une croissance de 20% par rapport à 2019 (Ultra).
• Tomorrowland en Belgique accueille chaque année près de 400 000 personnes de 200 nationalités différentes (Tomorrowland).
• En France, Dream Nation ou Les Plages Électroniques affichent complet des mois à l’avance.

Cette effervescence festival amplifie encore la place centrale de l’électro : le public, les artistes, les médias en sortent transformés. L’expérience live nourrit tout le reste, et pousse encore la création vers plus d’innovation et de mélanges.

Ce qui frappe, c’est aussi la démocratisation des outils de production. Pour des artistes en devenir, il n’a jamais été aussi simple de créer des beats house ou électro avec de simples logiciels, parfois gratuits (Splice, FL Studio, Ableton…). Résultat :

• La scène SoundCloud regorge de futurs prodiges qui s’inspirent des codes club pour exploser sur la toile.
• Le format “remix”, cher à la house, est devenu la norme, même pour la pop : chaque hit se décline en remixes électro ou deep house pour séduire un public toujours plus large.
• Des collabs entre DJ et chanteurs stars boostent la durée de vie d’un morceau dans les charts.

L’électro et la house ont littéralement modifié la façon de consommer la musique. Courte, festive, plug & play – elle se prête parfaitement à la logique du scroll, du “shuffle” et du viral.

Impossible de ne pas mentionner le retour en force des sonorités acid, rave, ou Italo-disco, qui infusent la house et l’électro des années 2020. L’industrie adore recycler :

• “Padam Padam” de Kylie Minogue (2023) navigue entre synthés 80’s et house survitaminée.
• Kaytranada fusionne house, hip-hop et funk vintage avec les codes les plus actuels.
• “On The Floor” de Jennifer Lopez ou “Break My Soul” de Beyoncé samplent ouvertement des beats house 90’s… pour une nouvelle génération qui redécouvre ces sons.

Selon une étude du cabinet MIDiA Research, les sons rétro avec un twist house-éléctro représentent désormais 22% des sorties dans les top playlists mondiales en 2023 (MIDiA). Un chiffre qui illustre à quel point la nostalgie fait partie des nouveaux codes.

Ce bouillonnement ne semble pas près de s’arrêter. Les innovations technologiques – intelligence artificielle, réalité virtuelle, expériences interactives – promettent déjà de nouvelles manières de vivre (et de fabriquer) la musique électro-house. Selon Goldman Sachs (“Music In The Air 2023”), la part des genres électroniques et hybrides devrait encore progresser de 8 à 10% dans les habitudes d’écoute mondiale d’ici 2027.

L’électro et la house, toujours mutantes, apparaissent comme un laboratoire permanent pour la musique d’aujourd’hui et de demain. Si la pop, le rap ou la variété restent puissants, c’est bien ce cocktail d’énergie, de créativité et d’ouverture que tout le monde s’arrache aujourd’hui. Et si les tendances changent, quelque chose me dit que leur cœur battra toujours… à 128 BPM.